Le mystère de Carnac

Les pierres dressées de Carnac, organisées en systèmes complexes sur un vaste territoire soigneusement choisi à l'époque néolithique, n'ont pas encore révélé leur(s) raison(s) d'être. 

"Kermario Alignments, Study 15, Carnac, France. 2017"

"Kermario Alignments, Study 15, Carnac, France. 2017"

© Michael Kenna / Centre des monuments nationaux

 

Carnac, un lieu de culte ?

Les pierres sont alignées et regroupées en ordre croissant, et nous invitent de manière presque subliminale voire hypnotique à nous diriger vers les plus grands menhirs tout au fond. Mais il n’y pas que ça. 

Et si Carnac formait un ancien temple préhistorique, voilà qui est aguichant ...

Et voilà comment les érudits ont longtemps interprété les choses …

Les lignes de pierres forment un espace très ouvert, dit de déambulation, avec ces longues files de blocs alignées les unes à côté des autres et les menhirs "rangés" du plus petit au plus grand. Les files ressemblent à de véritables allées processionnelles… 

Cet espace de déambulation conduit vers un espace fermé, l'enceinte mégalithique.

C'est celui-ci qui aurait été dédié au culte. Contrairement au précédent, il est clos par des pierres dressées ressérrées disposées en arc de cercle ou en carré qui forment l'enceinte proprement dite autour d'un grand espace vide. Il aurait été le lieu où se déroulaient les rituels. On peut ainsi laisser son imagination vagabonder et toutes sortes d’images apparaissent : des sacrifices pour honorer les Dieux, des danses, des veillées de prières la nuit au coin du feu…

Cette hypothèse a séduit pendant un certain temps mais n’est plus privilégiée  aujourd'hui  faute d'éléments matériels probants...

D'autant que dès la fin du 18ème siècle, des restaurations plus ou moins rigoureuses ont été menées. Et à cette époque, l’idée du temple préhistorique est franchement à la mode ! Les restaurateurs ont pu être influencés et chercher inconsciemment à donner une telle impression.

Il faut donc chercher ailleurs…

 

"Reconstitution des alignements de Carnac"

"Reconstitution des alignements de Carnac",

Planche 3 de La création de l'homme et les premiers âges de l'humanité,

par Henri Du Cleuziou, Paris, C. Marpon et E. Flammarion, 1887.

© Reproduction Philippe Berthé / CMN

  

Carnac, un site astronomique ?

Les alignements sont-ils orientés de manière précise ? De manière récurrente ? Quel secret renferment ces pierres ?

Dès le début du 19ème siècle, nos fameux menhirs ont fait l’objet de théories plus ou moins sérieuses. L’une d’entre elles serait liée aux astres, planètes, étoiles… Les alignements seraient orientés en fonction des levers et couchers du soleil. Cela ne résiste pas à l'analyse scientifique. Nous ne sommes pas sur un site astronomique. 

Ce qui est vrai, en revanche, c’est que l'organisation générale n’est pas le fruit du hasard. Bien au contraire ! 

Nous sommes en présence d’architectures « pensées et voulues» par des hommes il y a près de 6000 ans ! D’ailleurs, on retrouve la même organisation ou mise en scène sur les trois sites principaux, Le Ménec, Kerlescan et Kermario. 

Imaginez alors, des ouvriers spécialisés, des architectes décisionnaires, des hommes au pouvoir. Bref, toute une organisation sociale se met en place dans toute la région. Leur volonté ? Délivrer un message fort et répété…

D’ailleurs, la construction du monument date de la période néolithique, la dernière période de la Préhistoire pour l’Ouest de la France. Nous sommes entre 5000 ans et 2000 ans avant notre ère. Et pour les hommes préhistoriques tout est en train de changer. Leur mode de vie basé sur la chasse, la pêche et la cueillette, impliquant le nomadisme, a fait place à l’agriculture, à l’élevage, une plus grande sédentarité. L’homme du Néolithique se pose, s’installe et construit des villages. Il n’est plus seulement un prédateur mais un producteur !

   

"La danse des Korigannes, près des menhirs. Légende bretonne"

"La danse des Korigannes, près des menhirs. Légende bretonne"

Planche de La création de l'homme et les premiers âges de l'humanité, par Henri Du Cleuziou, Paris, C. Marpon et E. Flammarion, 1887.

© Reproduction Philippe Berthé / CMN

  

Le mystère reste … presque entier

Le mystère persiste… À quoi peuvent bien servir ces pierres ? Personne n’a encore trouvé de réponse définitive à cette grande question qui anime encore et toujours bon nombre de scientifiques. 

Aujourd'hui, c'est leur organisation au sein du paysage qui est mise en avant, comme l'idée d'une frontière symbolique entre le littoral et le monde marin et l'intérieur des terres, ainsi souligné à un moment où le niveau de la mer remonte (finissant par immerger le Golfe du Morbihan).

Il reste encore tant de mystères à percer ! Les chercheurs ont encore beaucoup de travail pour faire parler les mégalithes. Et la tâche est d’autant plus difficile sur un site qui par nature ne laisse pas beaucoup d’indices concrets.

Heureusement la technologie moderne est là et laisse entrevoir de nouvelles approches. Encore faudrait-il savoir écouter ce qu’ont à dire ces pierres avec beaucoup d’attention et de modestie !

En l’absence de certitudes scientifiques, pourquoi ne pas donner libre cours à votre imagination pour tenter de percer le mystère ?

  

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