Histoire
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Découvrez l'histoire de ces sites emblématiques du Néolithique !
Mondialement connues, les pierres dressées de Carnac n’ont pas (encore) livré tous leurs secrets... découvrez leur histoire !
De récentes fouilles préventives dans les environs de Carnac ont permis d’obtenir des datations qui s’échelonnent pour la plupart entre 4 800 et 3 500 avant J.-C. Mais il est difficile d’être précis au sein de cette longue période de plus de mille ans !
On ne peut pas dire non plus sur combien de temps s’échelonne leur construction : quelques mois ou années, en admettant qu’un grand nombre de personnes aient participé à un chantier parfaitement organisé, ou sur des dizaines voire des centaines d’années, par un groupe beaucoup plus réduit qui aurait dressé des pierres uniquement à des occasions particulières.
Le site est une véritable architecture, avec un schéma structuré en fonction de la géographie et de la topographie des lieux, associant : enceintes mégalithiques, grandes stèles sur les points hauts, et diminution de la taille des menhirs suivant le relief.
L’ensemble forme un enchevêtrement de monuments mégalithiques, avec des constructions étalées au cours du temps. Les alignements ont pu par endroit être aménagés « par-dessus » un monument antérieur qui était alors soit oublié, soit n’avait plus de fonction funéraire.
Par la suite, les lieux sont occupés durant les âges des métaux et les périodes historiques. Le même constat se confirme alors au sein des monuments funéraires : bon nombre d’entre eux ont été réutilisés et certains semblent avoir servi de lieux de culte pendant la période gallo-romaine.
Le Moyen Âge voit l’installation d’une première chapelle sur le tumulus Saint-Michel. Puis à l’époque moderne, les murets parcellaires qui morcellent les alignements pour le pâturage se densifient.
C’est dans la deuxième moitié du XIXe siècle que se structurent et s’intensifient les recherches sur ce qui est alors nouvellement perçu comme un monument à étudier, à restaurer et préserver.
Ce sont alors d’abord particulièrement les plus grands monuments et leurs tombeaux qui vont être investigués, car ils vont livrer des objets parfois spectaculaires.
En parallèle, des plans sont dressés qui sont désormais de précieux témoignages de ce qu’était le monument avant les modifications qu’il a connues au XXe siècle.
Car c’est en effet à l’état de ruine qu’il s’offre à la vue des visiteurs : une majorité des pierres sont tombées au fur et à mesure des siècles. L’apparence du site aujourd’hui n’est pas celle qu’ont connu les populations préhistoriques.
Des campagnes de restauration visent à redresser les stèles et à restituer les files. Une bonne partie des pierres est relevée à partir des années 1880-1890. On doit à Zacharie Le Rouzic leur signalement par l’apposition, dans les années 1920-1930, d’une pastille de mortier rougeâtre.
Les alignements du Ménec, de Kermario et de Kerlescan vont être classés au titre des monuments historiques à cette période et l’essentiel des terrains sera acquis par l’Etat.
A partir de la Seconde Guerre mondiale, la préservation du site est privilégiée. Les fouilles menées par l’occupant allemand, sur et autour du tertre de Kerlescan en 1941 et 1942, sont le dernier chantier archéologique d’ampleur mené dans les alignements.
Grâce à cela, les alignements de Carnac sont désormais le plus grand site mégalithique au monde.
Une préservation exceptionnelle due au fait que Carnac est devenue une intense zone d’activités archéologiques au XIXe siècle, mais aussi au fait que ces milliers de pierres ont été intégrées dans la culture populaire par les contes, légendes et récits. Une chance aussi que le terrain n'ait pas ou peu été utilisé comme terre agricole.
Des marques d’outils de carriers montrent toutefois la réutilisation de menhirs dans les constructions de bâtiments ou murets alentour ; le site n’a cessé d’être utilisé, mais sans que sa perception d’ensemble ne disparaisse.
Le succès populaire de ces étonnantes grandes files de pierres dressées a contribué au développement touristique du littoral morbihannais, qui n’a fait que se densifier tout au long du XXe siècle.
Les alignements, tels qu’on les voit aujourd'hui, ne sont que le vestige de constructions préhistoriques plus étendues.
Ils sont devenus un des symboles du sud Morbihan voire de la Bretagne et sont connus dans le monde entier.
Rançon de ce succès, ils ont été soumis à une très forte fréquentation qui n’a cessé d’augmenter, tout particulièrement durant la période estivale.
Il a donc fallu organiser la préservation et l’entretien du site, au risque sinon d’accélérer fortement l’érosion des sols archéologiques et de menacer à nouveau la stabilité des pierres dressées.
Une mesure drastique a été prise entre 1991 et 1993 : clôturer la partie appartenant à l’Etat afin d’en contrôler l’accès. Celui-ci est libre en hiver quand il y a peu de public et limité à des visites guidées à effectif contrôlé durant la haute saison, pour protéger ce qui est aussi un site naturel fragile.