Incontournable
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Laissez-vous aller à la contemplation à travers ces sites chargés d'histoire, et entourés d'une nature riche mais encore fragile
Un site à entretenir très étendu
Le « paysage mégalithique » de Carnac est actuellement constitué de trois types de végétation : les landes (qui correspondent à l’objectif de la restauration de la végétation originelle du site), les prairies et les pelouses.
N’oublions pas que les alignements de Carnac se composent de près de 70 hectares de landes, de prairies et de pinèdes : autant d’espaces naturels à entretenir, restaurer et pour certains, à ouvrir à la visite.
Les tâches quotidiennes ne manquent pas : bûcheronnage dans les espaces boisés à sécuriser , entretien des espaces de pique-nique mis à disposition des visiteurs, des sentiers et surtout entretien des sites mégalithiques et de leurs couvertures végétales considérées comme « naturelles » par un observateur néophyte.
L’aménagement du site des mégalithes de Carnac à partir des années 1990 n’a malheureusement pas suffi à stopper la dégradation des sols déjà bien entamée.
En effet, les foules de visiteurs piétinant le site en permanence ont en détruit la végétation de manière irréversible…
Revenons 30 ans en arrière...
Jusqu’au début des années 1990, le site de Carnac était entièrement ouvert, ce qui a conduit à une dégradation importante de la végétation. Le constat est sans appel : les sols sont ravinés, quadrillés par des chemins de plus en plus nets et creusés, les fleurs ne poussent plus, la végétation est presque morte. Le sol est même à nu dans les secteurs les plus fréquentés.
Afin de remédier à ce désastre, des mesures ont été déployées comme la pose de grillages entourant le site pour permettre le retour de la végétalisation spontanée.
L’installation de troupeaux de moutons appartenant à l’espèce « landes de Bretagne » a également donné un coup de pouce à la nature ! Quoi de plus logique pour entretenir la végétation que la tonte régulière par ces mammifères herbivores, originaires de la région ? On appelle cela l’éco-pâturage.
Chouchou des visiteurs, le troupeau de moutons à Carnac est actuellement composé d’une cinquantaine d’animaux. Il s’agrandit chaque année au rythme de nouvelles naissances que vous aurez peut-être le bonheur d’observer !
La gestion actuelle de la végétation du site repose sur des préconisations émises d’après les travaux de l’Université de Brest, et doit répondre à un double objectif : permettre la présentation du site aux nombreux visiteurs sans mettre en péril la conservation du monument, et contrôler le développement de la végétation afin de garder la visibilité des pierres.
Le contrôle de la végétation est rendu possible grâce à plusieurs « outils » :
Les guides essayent ainsi de varier et changer la trajectoire des visiteurs sur les sites pour limiter l’impact sur les sols.
Aujourd’hui, la végétation reprend ses droits. Le sol, généreux en matières premières, s’est de nouveau recouvert de plantes typiques des paysages bretons.
Et c’est une belle lande fleurie qui s’offre à nous selon les saisons. Quelle victoire !
Les essences les plus caractéristiques de la lande de Carnac et ses alentours sont l’ajonc, la bruyère, la callune, le genêt et la molinie.
D’autres plus discrètes sont tout de même à noter comme le plantain corne-de-cerf, la centaurée noire, la fougère aigle… des noms très imagés qui vous donnent des clefs pour tenter de les retrouver dans la nature !
Mais, au fait, quelles espèces peuplent le paysage mégalithique ?
Regardons de plus près les chiffres issus d’un inventaire datant de 2019 :
À Carnac, la nature est si belle que certains croient à un décor de carte postale, créé de toute pièce … Il n’en est rien !
Ce paysage de lande est bien naturel et probablement proche du paysage qu’ont connu les hommes du Néolithique.
Au contraire les forêts de pins sont, elles, issues de plantations récentes...
Comment le savons-nous ? C’est l’étude des pollens fossilisés, la palynologie, dans les couches sédimentaires qui nous le révèle. Elle permet notamment de restituer les paysages et mieux comprendre les évolutions des couverts végétaux à travers le temps…
Mais cela ne s’arrête pas là ! Les sols sont aussi anciens que le reste du site et cachent des couches archéologiques qui pourront, un jour, être étudiées par les archéologues pour percer le mystère qui demeure autour de ce site !
En novembre 2021, au bord du sentier pédestre qui longe les sites, un menhir est tombé de façon naturelle et en douceur, heureusement sans blesser personne.
Cet incident montre bien la fragilité de ces pierres, en réalité plantées dans le sol uniquement en surface, et sans véritable stabilité. Au moment de leur construction les menhirs ont été taillés de façon à tenir droit une fois levés, mais seul un 1/10e de leur hauteur est enterrée, calée dans une fosse et bloquée par de petites pierres qui les maintiennent en place.
Il faut donc comprendre que pour une pierre haute de 3 mètres environ, 30 cm seulement sont dans le sol !
C’est grâce à la végétation que les menhirs tiennent aujourd’hui debout et la fermeture du site en 1991 a permis de régénérer ce sol naturel indispensable, tout en laissant visible l’ensemble des alignements depuis les abords.
Aujourd’hui, pour la préservation du site mais aussi pour la sécurité de tous, il est interdit de monter sur les pierres, même lorsque certains sites sont accessibles entre octobre et mars.