Les menhirs, un patrimoine fragile

Pour garder la perception de ces grands alignements, il faut à tout prix protéger le site. Sans protection, adieu les précieux indices que l’on trouve ici ou là et la vision d'ensemble…

Alignements du Ménec, une maison au milieu des rangées de menhirs

Alignements du Ménec, une maison au milieu des rangées de menhirs

© Pierre Converset / Centre des monuments nationaux

 

Sauvegarder le patrimoine, un enjeu moderne

Savez-vous qu’avant le début du 19ème, la préservation du patrimoine n’est pas vraiment à la mode ?
Bon nombre de monuments souffrent de vandalisme et sont même parfois détruits. Quel dommage !

Il faudra attendre 1830 pour que le poste d’inspecteur général des monuments historiques soit créé.  Quatre ans plus tard, Prosper Mérimée décroche le poste. Sa mission : dresser la liste des monuments français à préserver. La tâche est colossale. 

Après 6 ans d’inventaire, la première liste voit le jour. Nous sommes en 1840, elle compte plus de 1000 monuments historiques. Parmi eux « les monuments druidiques de Carnac » sans plus de précisions sur leur nombre ou le lieu exact de leur localisation à Carnac.

C’est un début.

En 1889, les « alignements mégalithiques » avec le nom précis du site cette fois : le Ménec, Kermario, Kerlescan sont enfin classés au titre des Monuments historiques ! Victoire ! 

Des arguments en « haut lieu » ont été avancés pour convaincre : « Le grand musée à travers champs dont la conservation est bien commencée (…) est une source de prospérité locale dans un pays que visitent de plus en plus les baigneurs, les touristes et les savants ; avec eux l'argent afflue dans toutes les bourses, (…) »! (Rapport de la commission des monuments mégalithiques – 1889). 

Mais être classé ne suffit malheureusement pas à arrêter le pillage du site. Depuis 1879 une commission dite des « Monuments mégalithiques » œuvre à la préservation des architectures et elle a trouvé la solution : racheter l’ensemble des terrains concernés. Le moyen de préserver durablement les monuments est d'en faire une propriété nationale. L’Etat va donc acheter un maximum de terrains mais non sans mal. Les propriétaires locaux font grimper les prix ou refusent de vendre. Après de nombreux rebondissements, la propriété publique de la grande majorité du site est acquise, la préservation peut vraiment être assurée !

 

Alignements du Ménec, un menhir arrondi couvert de lierre

Alignements du Ménec, un menhir arrondi couvert de lierre

© Pierre Converset / Centre des monuments nationaux

 

Des colosses pas si solides

Vous pensez que les menhirs sont des blocs de pierre indestructibles ?  C’est une fausse idée !

Les menhirs sont en réalité très fragiles. Ils sont composés de milliers de petits grains de quartz, de mica etc.… Et à partir d’un certain stade d’érosion, vous l’avez compris, des plaques entières peuvent se détacher.

Selon vous, quels sont leurs pires ennemis ? La pluie bien sûr. Le vent aussi. La côte Atlantique où nous nous trouvons, n’est pas épargnée de ce côté-là, surtout l’hiver ! Mais il y en a un autre. Et si nous vous disions que certaines plantes adorent se nicher aux creux des failles naturelles de ces accueillants menhirs. Elles s’installent, se développent et participent malgré elles à leur érosion.

Cependant, c’est aussi grâce à l’érosion de la roche que ces bâtisseurs du Néolithiques ont réussi à arracher leurs menhirs du substrat rocheux. Sans ces failles cela aurait été beaucoup plus difficile voire impossible !

2ème avantage : l’étude de l’érosion va permettre aux scientifiques de faire parler les pierres et d’en savoir plus sur l’histoire du site. 

D’ailleurs connaissez-vous la différence entre des traces d’érosion prémégalithiques et postmégalithiques ? On les appelle prémégalithiques lorsque l’érosion est antérieure au chantier de construction. On parle de postmégalithiques lorsqu’elles apparaissent après. Il est amusant d’ailleurs de chercher les traces d’érosion plus récentes. Une fois que le bloc est arraché et dressé vers le ciel, le menhir va s’éroder à son sommet et des rigoles d’écoulement d’eau de pluie apparaissent progressivement…

 

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